Retour sur « Italie : vers une percée décisive de l’extrême droite ? »

Conférence-débat du 28 septembre 2022

Vous n’avez pas eu l’occasion de nous rejoindre? Pas de problème : voici un bref retour sur la soirée qui, nous l’espérons, pourra contribuer à une réflexion qu’il nous semble essentiel de poursuivre.

Le dimanche 25 septembre 2022, les élections législatives italiennes ont vu la victoire d’une coalition profondément ancrée à l’extrême droite, emmenée par Giorgia Meloni. Désormais, l’Italie est dirigée par des partis porteurs de discours identitaires et xénophobes. À l’occasion de cette conférence-débat, nous avons débattu de l’événement, en revenant sur l’histoire politique italienne et sur les récents succès de l’extrême droite en Europe, en collaboration avec L’Aquilone, Les Territoires de la Mémoire et le Centre de Recherche et d’Information Socio-Politiques (CRISP). Les intervenants étaient Benjamin BIARD, chargé de recherches au CRISP et Giulia SANDRI, maîtresse de conférence en sciences politiques (Université Catholique de Lille). Une trentaine de personnes ont participé aux échanges.

Compte-rendu des échanges 

Les intervenants ont d’abord souligné les particularités du système politique italien (mode de scrutin, coalitions) et l’instabilité politique chronique de ce pays. Ils ont aussi rappelé que les partis d’extrême droite sont régulièrement associés au pouvoir en Italie, et ce depuis les premiers gouvernements Berlusconi, au cours des années 1990 et 2000.

Nous avons ensuite interrogé le vocabulaire utilisé par les médias pour désigner les partis du nouveau gouvernement italien : « parti postfasciste », « parti néofasciste », « coalition de centre-droit », « coalition d’extrême droite » ? Ces termes ne sont pas neutres et traduisent des perceptions différentes (parfois erronées) des forces en présence.

Notre questionnement s’est élargi à l’Union Européenne, où d’autres formations d’extrême droite ont récemment connu des succès électoraux, voire intégré des gouvernements (Rassemblement National en France, Vox en Espagne, Parti des Démocrates de Suède, etc.). Sans oublier la Belgique, où les élections de 2024 s’annoncent favorables au Vlaams Belang.

Nous nous sommes demandé comment expliquer ces succès de l’extrême droite. L’un des facteurs est l’accroissement de la pauvreté et de la précarité. Mais il faut bien voir que l’extrême droite, en Italie comme ailleurs, rassemble aussi des électeurs détenant un pouvoir économique. Le discrédit croissant de la classe politique dans son ensemble joue aussi un rôle.

En outre, le rejet de l’immigration est un des piliers du discours des extrêmes droites. Il trouve un écho dans la population italienne, selon des témoignages rapportés par la salle. Le nouveau gouvernement italien voudra peser sur la politique migratoire européenne. Mais le pays reste économiquement dépendant de l’Europe. Un jeu complexe va se jouer à ce niveau.

Le débat a permis d’affiner les échanges sur ces différents thèmes. Il a révélé la complexité des éléments à prendre en compte et conduit les personnes présentes à relativiser toute analyse simpliste. Surtout, cette rencontre nous invite à rester attentifs à ce que va vivre la population italienne sous ce gouvernement. Nous y reviendrons sans doute lors d’une prochaine activité.