Retour sur « Carte Blanche à Christine Mahy »

30/11/2022

Dans les temps troublés et inquiétants que nous vivons, qu’est-il urgent de dire ou de faire ? Quels lendemains pouvons-nous encore faire advenir, pour nous et pour nos enfants ? Qu’est-ce qui est important pour nous, au point où nous en sommes ?

Pour aborder ces questions, nous avons offert une « carte blanche » à Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP). Nous lui avons proposé de concevoir elle-même le format et le contenu de la soirée. Notre invitée a choisi un dispositif tout simple : face au public avec, derrière elle, une photo d’un groupe de militants (comme une façon de relativiser l’importance de sa seule personne).

Christine Mahy n’a pas donné une « conférence » : elle a livré une série de réflexion en cours, à partir de son travail quotidien, où elle côtoie aussi bien des leaders politiques que des citoyens et citoyennes en situation de (grande) pauvreté.

Notre invitée a d’abord précisé : « Quand j’ai commencé à travailler, au début, j’étais plutôt timide. Puis j’ai découvert qu’en prenant la parole, je pouvais traduire ce que sont les enjeux des gens, leurs combats, et que je pouvais le relier à une sorte d’analyse. C’est pour cela que je continue de prendre la parole dans cette société ».

De manière nuancée, Christine Mahy a ensuite évoqué ses engagements d’hier et d’aujourd’hui. Elle est revenue sur des exemples d’enjeux portés par le RWLP (le besoin criant d’un accès au logement, les conséquences du « statut de cohabitant», l’impact de la pauvreté sur la santé et la durée de vie, le respect de la vie privée par les pouvoirs publics, etc).

Globalement, elle souligne que « depuis des décennies, l’organisation de notre société laisse durablement les gens dans le « trop peu de tout » : trop peu d’argent, trop peu de logements, trop peu de qualité de vie, trop peu d’enseignement pour tout le monde, trop peu de considération et de respect des particularités de chacun. » La tendance s’accentue, avec désormais des possibilités accrues d’exclusion des droits sociaux. De plus en plus de gens se sentent « abandonnés » (comme lors des inondations catastrophiques de juillet 2021).

Assez rapidement, les personnes présentes ont réagi, apportant un témoignage, une question ou une remarque, alimentant des échanges très riches. Interrogée sur sa possible « entrée en politique », Christine Mahy a admis y avoir sérieusement pensé, mais se dit attachée avant tout à sa liberté de parole. Elle a condamné les discours simplistes de type « Tous pourris ! ». Elle a aussi détaillé quelques résultats obtenus et quelques défis à venir (politique publique de l’énergie et du logement, évolution de la législation chômage, encadrement du marché par l’État, réaffirmations des droits fondamentaux, etc).

La soirée restera mémorable, riche d’échanges multiples, menés en toute simplicité. En repartant, beaucoup de personnes (et notre invitée elle-même) se sont dites « reboostées » par cette rencontre. Une excellente chose, dans le contexte sociétal décourageant et anxiogène que nous devons affronter !

Avec le soutien du Collectif Tempocolor et du Centre Culturel Les Chiroux.